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LES FOURS À GOÉMON
Comment fonctionne un four à goémon ?

L’incinération des laminaires séchées s’effectue vers le début de l’automne, en plein air, à proximité des lieux de récolte, dans des fours de type assez primitif. Un four est une rigole de 10 à 15mètres de long et de 60centimètres de large pour 40centimètres de profondeur environ. Des dalles de pierre tapissent le fond et les parois de la fosse. Le feu y est allumé avec des genêts et des ajoncs.

Quand le four est chaud, on répartit les laminaires sèches en couches minces et le feu s’entretient ainsi, en partie étouffé en rajoutant de temps à autre du goémon frais. La température atteint 800°. Peu à peu se forme une bouillie grise que l’on doit remuer avec de gros bâtons ferrés. Dans cet état pâteux, on sépare la masse en blocs de 50centimètres environ avec des laminaires fraîches. On obtient ainsi lors du refroidissement, des blocs ou ‘pains’ de soude.

Cinq à six tonnes de goémon frais donnent une tonne de goémon sec avec lequel on prépare environ 200kg de soude, et plus tard près de 10 kilos d’iode...

Un peu d’histoire et de chimie...

Il y a « soude » et soude.

La « soude » des fours à goémon, ou « soude naturelle » est en fait un mélange de cendres qui contient une proportion utile d’« alcalis » principalement des carbonates de sodium (Na) et de potassium (K).

Elle est connue des Egyptiens qui la récoltent en été sur le bord des lacs salés : c’est le « Natron » (d’où le symbole du sodium « Na »). Les Arabes la connaissent aussi : ils parlent de « Kali » (d’où provient le terme « alcali »). Ils la fabriquent à partir de plantes salines diverses par séchage/brûlage; selon le procédé repris chez nous dans les fours à goémons.

En fait, on peut considérer les fours à goémon comme une juxtaposition de foyers de cuisson des aliments détournés pour utiliser les cendres plutôt que la chaleur.

AU IVème siècle, on trouve une pâte de cendres et de graisse animale sous le nom de "SAPO", d’origine Gauloise (ils s’en lavaient les cheveux, d’où leurs reflets roux dû aux tanins de hêtre, couleur que l’on retrouve aussi dans les voiles traditionnelles pour la même raison). C’est l’origine du mot « savon », les romains ne le connaissaient pas, bien qu’ils appréciaient les bains de vapeur. Au Moyen-Åge non plus en France ce n’était pas très prisé (peut-être sous l’influence latine ?).

La « soude » naturelle était recherchée pour la fabrication du verre, car elle abaisse le point de fusion du sable. C’est d’ailleurs pour cette raison que les fours à goémon se sont multipliés en Bretagne sous Louis XIV. Il en avait grand besoin pour que Saint-Gobain lui fabrique sa galerie des glaces, après avoir réussi à recruter un verrier Vénitien pour connaitre leur procédé de fabrication de vitres par soufflage. Le verre à vitre s’est ensuite largement répandu, entretenant la demande de « soude ».

Des importations des Amériques complétaient la fourniture de « soude », assurée également par Marseille à partir de salicorne et dont la qualité était réputée meilleure que la bretonne. Mais ce n’est pas à cause de cette concurrence que les fours à goémon ont peu à peu périclité, les capacités de transport limitant la quantité de cette provenance.

Avant 1790, le produit vendu sous le nom de soude restait à la fois rare, cher et indispensable. En fait il ne s’agissait pas de notre soude caustique (ou hydroxyde de sodium) mais du carbonate de sodium, utilisé pour le blanchissage du linge, le dégraissage des laines, et surtout pour la fabrication du verre et du savon.

Tag(s) : #Echapées belles GR 34
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