Éviter l’affaissement ? Un argument circulaire
L’argument principal du port du soutien-gorge serait de préserver la jolie forme galbée des seins en évitant qu’ils ne tombent. Difficile de savoir si cette peur de l’affaissement est réellement aussi ancrée qu’on voudrait le faire croire, mais ce serait le leitmotiv numéro un du port du soutien-gorge : se préserver de l’affaissement des seins. Un certain nombre de «spécialistes» poussent même le bouchon jusqu’à affirmer qu’il est bon pour la santé des tissus mammaires, évitant qu’ils ne se distendent et ne favorisent ainsi des lésions avec le temps.
Pourtant, il semble que l’affaire ne soit pas aussi simple ! Les seins intègrent dans leurs tissus un réseau de ligaments dédiés à la suspension dynamique. Or ces fibres, un peu comme un muscle, ne se développent que si elles sont stimulées, ce qui ne sera jamais le cas lorsqu’un sein naissant se retrouve immédiatement «empaqueté» dans un soutien-gorge dès l’adolescence…
L’empressement des mères à faire porter à leurs filles cet accessoire dès que leur poitrine se développe, contribuerait en réalité à affaiblir les seins car les éléments anatomiques de suspension et de maintien ne sont pas stimulés, et par conséquent ne se développent pas. De plus, la constriction et la pression qu’entraîne le soutien-gorge au niveau du buste et des épaules peuvent entraîner des troubles musculo-squelettiques (donc nerveux, potentiellement) et plus ou moins sévères selon la taille et le poids de la poitrine.
Ce phénomène est encore amplifié par une puberté toujours plus précoce. L’âge moyen de l’apparition des premières règles était encore d’une quinzaine d’années il y a quarante ans, alors qu’il se rapproche aujourd’hui de la douzaine. Le développement de la poitrine, et par conséquent l’âge du port du soutien-gorge pour la première fois, suivent la même progression.
En Occident, l’expérience de celles «qui ont osé» semble démontrer qu’au contraire, une poitrine libérée tendrait plutôt à retrouver du tonus, voire même un peu de volume. Ça dépend bien sûr de l’âge et de la morphologie, mais les témoignages dans le sens d’une meilleure santé, d’un meilleur confort et même d’un vrai plaisir à ne plus porter de soutien-gorge se multiplient. Souvent, même, des douleurs récurrentes dans le dos, les bras ou la nuque s’évanouissent comme par enchantement.
En France, le professeur Jean-Denis Rouillon, du CHU de Besançon, a lui consacré 15 années d’étude à l’utilité du soutien-gorge. S’il se garde de généraliser, il remarque pourtant que la règle veut que les seins libérés regagnent du tonus et de la tenue, même bien au-delà de 40 ans, en tout cas chez les 300 femmes sportives et sans surpoids qu’il a étudié.
À suivre...